La France a la gueule de bois ! Épisode 2
Élections législatives historiques - des ressources pour résister
UPDATE 30 Juin 2024.
L’heure est grave !
C’est la douche froide.
Au premier tour d’élections législatives historiques, le Rassemblement national arrive pour la première fois en tête avec 34 % des voix.
Échec cuisant. Malgré une mobilisation massive, vingt jours de campagne n’ont pas suffi à inverser la tendance électorale observée lors des élections européennes du 9 juin. La gueule de bois continue !
On se retrouve dans un cauchemar, un mauvais rêve, un chemin sans issue. Ce n’est pas de la fiction. Pour la première fois en France, sous la Ve République, l’extrême droite arrive en tête du premier tour des élections législatives.
Si on continue dans ce scénario catastrophe, dans une semaine, nous avons 50% de chance de se réveiller avec Jordan Bardella, TikTokeur et président du Rassemblement national en tant que premier ministre à Matignon. Hell no.
Ces derniers temps, vous avez beaucoup à me partager vos inquiétudes et vos frustrations. Dans les temps de tempête, il est essentiel de ne pas rester isolé. Prenez soin de vous et de votre santé mentale 💜
C’est aussi le moment de s’appuyer sur des actions collectives, de rejoindre des groupes de parole et de travail.
Dans les derniers épisodes de Test&Work, j’ai sélectionné pour vous des actions positives qui valent le détour. Dans mon échange avec Chloé Lecrivain, membre du mouvement Entreprendre c’est Politique, vous trouverez des ressources pour ceux et celles qui veulent réfléchir à comment s’organiser.
Pour les techies, je vous invite à relire cet épisode qui analyse la responsabilité de la tech dans ce que nous sommes en train de vivre.
Last but not least, pour éviter de vous disputer avec vos collègues, je vous invite également à relire ce petit mémo qui facilite les discussions houleuses à la machine à café.
Pas une voix ne doit aller au RN
Malgré toutes les opérations de séduction montées au couteau et toutes les fausses promesses, l’extrême-droite ce sont des valeurs nauséabondes, une stratégie politique et économique flottante. L’extrême droite reste l’ennemi d'un monde du travail inclusif et performant. L’ennemi des femmes, de l’écologie et une stigmatisation de l’immigration, et la France de l’assimilation.
Ce parti ne représente ni le nouveau monde, ni la justice sociale que je défends chaque semaine dans les colonnes de Test&Work, depuis bientôt un an.
En ce qui me concerne, je suis très sensible aux questions d’immigration et de lutte contre la xénophobie. Je suis née d’une mère guadeloupéenne et d’un père haïtien, qui s'est installé en Guadeloupe dans les années 80. Ce petit territoire m'a vue grandir jusqu'à mes 18 ans.
J'ai grandi dans un cocon douillet, avec un modèle plutôt patriarcal, bien que mon père soit un féministe qui s'ignore. (Rires.) C'est lui qui m'a sensibilisée aux questions des peuples en mouvement. À mon arrivée à Paris en 2008 pour poursuivre mes études, j'ai rejoint les rangs de ceux qui se déplacent !
J'ai aussi découvert des termes moches comme "minorité" et "diversité". Ayant grandi en Guadeloupe, je ne m'étais jamais perçue comme une minorité, car quand je raconte le monde depuis cet angle, je fais partie de la majorité. Quelle ne fut pas ma surprise - et tristesse - de lire qu’en Guadeloupe, 27 communes sur 32 ont placé le Rassemblement National en tête. J’ai mal.
Une chose est sûre : le mal-être de nos sociétés est grandissant, et les entreprises ne seront pas épargnées. J'ai une pensée particulière pour ceux et celles qui subissent des conversations problématiques, des remarques, blagues et attitudes racistes.
La DEI-hushing
Si nous sommes tous et toutes d’accord sur le fait que le monde traverse une fragmentation sans précédent et des crises identitaires et écologiques, exacerbées par des enjeux de souveraineté politique, économique et numérique. Récemment, j’ai découvert une pratique qui m’a une fois de plus agacé !
🔍 Cette tendance s’appelle “DEI-hushing”. Ce terme vient du “greenhushing”, lui-même dérivé du “greenwashing”. Le principe de la “DEI-hushing” est de minimiser et/ou d'éviter les discussions sur la Diversité, l'Équité et l'Inclusion (DE&I) pour éviter les bad buzz. L’idée n’est pas de rajouter de l’huile sur le feu, mais quand même. Don’t be blind.
👉🏽 La cause : Pour protéger leurs intérêts et éviter les controverses, les entreprises se montrent de plus en plus silencieuses sur leurs engagements en faveur de l'environnement, de la diversité et de la justice sociale.
L’expert : Jason Jay, maître de conférences sur le développement durable au Massachusetts Institute of Technology, explique à Fortune qu’en tant de crise :
“La chose la plus facile à faire est de rester en dehors de la conversation et de mettre l'accent sur d'autres aspects de l'entreprise qui seront perçus comme moins controversés et plus lisses et plus proches des paramètres traditionnels de l'entreprise.”
💡 La leçon à retenir : Ne rien dire revient à cautionner et à faire partie du problème. Malgré le brouhaha ambiant des agitateurs de droite, il est essentiel que les entreprises et leurs dirigeants prennent position et défendent haut et fort les pratiques de diversité, équité et inclusion, même face à l'opposition.
Le silence et la minimisation de ces enjeux sont des attitudes à éviter, car elles représentent un recul dans la lutte pour la justice sociale et environnementale. La “DEI-hushing” serait un énorme pas en arrière !
Le chiffre
70%
C’est le pourcentage des salariés français qui n’osent pas afficher leurs convictions politiques devant leurs collègues, selon une étude de capa.fr.
Avec les élections européennes, la dissolution de l’Assemblée nationale, et les prochaines élections législatives, la politique s’invite à la machine à café du bureau. Sauf que le bord politique des collègues reste un sujet plutôt tabou, comparable à la question du salaire : il suscite des conversations et des bruits de couloir !
Je répète encore, encore et encore. Pour protéger votre paix, c’est totalement OK d’écouter et de s’éclipser des conversations problématiques et malaisantes.
Pick and choose
Voxe - La mode à la sauce “wokiste” et engagée est déjà “has been” pour les marques, qui deviennent de plus en plus lisses. Le retrait des activistes de la publicité reflète un renversement de l’opinion publique, peut-être une lassitude post-pandémique ? De manière générale, l’engagement des entreprises semble encore loin d’être systématique et perçu comme insuffisant, voire opportuniste. Sauf quand les objectifs sont clairs.
The Guardian - Sur le désengagement des entreprises concernant la justice, la journaliste Nesrine Malik fait un parallèle avec le ravalement de façade des entreprises post Black Lives Matter. Pour durer dans le temps, il faut un mouvement concret qui apporte de réels changements.
🔥 À ne pas manquer - Vous êtes une entreprise, une collectivité, une institution, une association ou une fondation, et vous portez un projet ou une initiative en faveur de la diversité et de l’inclusion au sein de votre organisation ? Vous êtes capable de montrer des résultats mesurables ? Candidatez gratuitement jusqu’au 30 juin 2024.
🎥 Morte de rire - Je vous quitte avec cette chouette vidéo de Caroline Therwath-Chavier, fondatrice de The Allyance, engagée pour une tech inclusive qui explique le principe de la “gender fatigue”, avec une bonne grosse dose d’humour qui fait du bien en ce moment !
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