VivaTech : Shootout to Serena Williams, une VC engagée
Malia Metella, du bassin à la finance l Sarah Jallot change de fleuret
Aujourd'hui, c’est l’ouverture de Vivatech, LE rendez-vous incontournable de la tech et du business à Paris !
Cette année, au-delà des grands noms de la tech comme Linda Yaccarino, CEO de X (ex-Twitter), Faye Iosotaluno, CEO de Tinder, sans oublier des figures plus controversées comme Elon Musk…
La grande nouvelle de VivaTech 2024, c’est la présence des sœurs Williams, Serena et Venus, invitées par Shares, la plateforme sociale d'investissement en Bourse et crypto, lancée par Benjamin Chemla (ex-cofondateur de Stuart).
🌟Genèse
L’occasion de mettre un coup de projecteur sur Serena Williams, légende du tennis, investisseuse et première sportive à figurer dans le classement mondial Forbes des femmes les plus riches ayant bâti leur propre fortune.
Comme l’indique Le Figaro, il est important de souligner que l’athlète féminine la plus riche de tous les temps doit l’essentiel de sa fortune aux investissements de son fonds, Serena Ventures, lancé en 2014, en parallèle de ses activités sportives.
🎾 Des trous dans la raquette
Dès le départ, la mission de sa société d’investissement est de soutenir les femmes et les fondateurs sous-représentés. Cet engagement naît quand l’athlète noire américaine découvre le manque de capital-risque pour certaines populations.
"J'ai appris que moins de 2 % de tout l'argent du capital-risque allait aux femmes. Et quand j’ai entendu cela pour la première fois, j’ai pensé que c’était une erreur", raconte-t-elle dans une vidéo TikTok publiée en avril dernier.
🔥 Femme d’action
Pas question de se flageller, elle décide d’agir. "J’ai donc su à ce moment-là qu’un jour je voulais créer un fonds ou collecter des fonds et investir dans les femmes", ajoute-t-elle, tout en se maquillant facecam.
Son deuxième électrochoc... En plus des inégalités de genre, elle constate également des lacunes dans le système pour les personnes de couleur.
“Je me suis dit : Mon Dieu, je suis une femme noire, donc si je ne m'appelle pas Serena Williams, ou que je n'ai pas de carrière, cela signifie que je n’aurais même pas moins de 2 % de chance d'obtenir de l’argent si je voulais créer une entreprise”, réalise la championne.
… et de convictions !
Plus d’une décennie plus tard, son (triste!) constat fait toujours écho au dernier rapport “State of European Tech 23”, d’Atomico, un fonds VC européen.
En 2023 par exemple, 87 % de tous les fonds de VC en Europe ont encore été levés par des équipes fondatrices exclusivement masculines.
Pire, la proportion de fonds levés par des fondatrices a chuté de 3 % à 1 % depuis 2018. Vous pouvez aussi lire mon analyse sur le manque d’inclusion dans le financement des entrepreneurs issus de la diversité.
Décidée à prendre le taureau par les cornes, en parallèle des médailles au Grand Chelem, la championne commence à signer des chèques.
“J'investis depuis plus de 14 ans et j'étais entrepreneure pendant que je jouais au tennis. C'est super important pour moi d’avoir un plan B pendant que je faisais le plan A", précise Serena Williams.
🚀 Accélération
Tout s’accélère au moment de sa “retraite” en 2022. Elle raccroche les raquettes pour enfiler pleinement sa casquette d'investisseur. Dans les colonnes de Vogue, elle explique qu’au fil des années, “la balance s’est lentement déplacée vers Serena Ventures”.
Et de préciser : "Je suis vraiment tombé amoureuse du stade pre-seed, qu'il s'agisse de financement de pré-amorçage, où l’on investit simplement dans une idée, ou à un stade plus avancé quand l'idée a déjà été transformée en produit”.
👉🏽 Résultat des courses
Aujourd’hui, Serena Ventures c’est plus de 111 millions de dollars levés. Le fonds revendique près de 85 investissements, dont 14 licornes (entreprises évaluées à plus d'un milliard de dollars) avec des boîtes comme Impossible Foods ou MasterClass.
Plus récemment, SV a bouclé un tour de table de 5 millions – avec trois autres fonds – dans Wondermind, start-up spécialisée dans la santé mentale, fondée par Daniella Pierson, l’actrice Selena Gomez et sa mère. L’entreprise est désormais valorisée 100 millions de dollars.
Fidèle à ses engagements, le portefeuille de Serena Ventures comprend 79 % de fondateurs sous-représentés, 54 % de femmes fondatrices, 47 % de fondateurs noirs et 11 % de fondateurs latinos.
🟣 Bon à savoir
Source Les Echos - Les fonds spécialisés dans la diversité sont nombreux aux Etats-Unis puisque les statistiques ethniques y sont légales - contrairement en France. 1863 Ventures investit par exemple dans les fondateurs noirs et métisses, tandis que Fearless Fund cible les femmes de couleur.
Google a également créé le Black Founders Fund qui injecte des tickets en partie en Europe.
En France, le fonds à impact Citizen Capital investit depuis 2008 dans des sociétés dirigées par des entrepreneurs issus de la diversité.
Ces dernières années, plusieurs initiatives ont vu le jour, telles que Diversidays, une association pour l'inclusion numérique, et Les Déterminés, un programme pour soutenir les entrepreneurs.
Il y a aussi le French Tech Tremplin qui aide les personnes éloignées de l'entrepreneuriat.
🇫🇷 Les pépites françaises
Malia Metella, du bassin à la finance
Le parcours de Serena Williams me fait aussi penser à l’évolution de la nageuse guyanaise Malia Metella, vice-championne du monde et vice-championne olympique.
Elle fait également partie de Tremplin Capital, le fonds qui investit dans les quartiers prioritaires aux côtés de Daniel Hierso, créateur des communautés Outremer Network, et Alice Bonhomme-Biais, développeuse passée par Google.
Créé par Teampact.ventures en 2022, ce véhicule injecte des tickets entre 30 000 et 100 000 euros dans des start-up en France hexagonale et dans les départements d'outre-mer. Lire l’article de Les Echos.
Sarah Jallot change de fleuret
Je propose aussi de découvrir Sarah Jallot, ex-escrimeuse du top 10 junior mondial et maintenant Partner & Investor chez Teampact.
Très engagée pour l’égalité des genres, elle aide à créer ce fonds qui relie des sportifs de haut niveau à des start-up à mission. Elle anime aussi People First, un podcast qui invite les leaders de demain à créer des cultures d'entreprise fortes, saines et impactantes.
Ce que je partage :
Une chouette sélection de 25 femmes entrepreneures qui changent le monde du sport. Par exemple, découvrez Maria Luisa Mendiola, fondatrice et CEO de MIGA Swimwear, qui a collaboré avec des survivants de brûlures pour concevoir des maillots de bain inclusifs et adaptés à leurs besoins.
Plongez-vous dans l’histoire du sport féminin avec ce court podcast de Radio France. Les femmes ont dû surmonter de nombreux obstacles pour pratiquer le sport, souvent confrontées à des réactions hostiles. Par exemple, le premier match de football féminin a eu lieu à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre. À la fin de ce match, des hommes sont descendus sur le terrain et ont agressé les joueuses. En France, dans les années 30, le championnat féminin a été interdit, et ce n’est finalement qu’aux années 70 qu’il a fait son retour, accusant ainsi un retard absolument phénoménal. Lunaire !
Je vous invite à découvrir "Perspectives", une nouvelle newsletter lancée par Tsipora Sidibé, fondatrice du podcast sur la justice reproductive "Tant que je serai Noire". Dans cette première édition, elle propose une étude de cas sur Bobbie et Naomi Osaka, une des athlètes les mieux payées au monde qui vient de devenir mère.
Un dernier mot sur Vivatech… Sans surprise, l'intelligence artificielle sera la star incontestée de cette année, après avoir déjà enflammé les discussions l'an dernier. D'ailleurs, pour ceux et celles que ça intéresse, j'ai aussi écrit plusieurs sujets (pavés !) sur le manque d'inclusion dans l'IA, son impact sur nos vies et notamment les clés pour agir.
Si vous souhaitez échanger à ce sujet ou simplement me faire un coucou, lors de votre passage à VivaTech, n'hésitez pas à me contacter via LinkedIn, où je suis très active !
As usual, très instructif ;) Merci pour tes recherches Fab :)