Tabou des règles au travail : on arrête avec ça !
Journée mondiale de l'hygiène menstruelle l Données confidentielles l Ce que je recommande
Aujourd'hui, c'est la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle !
Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Le 28 mai, en référence au cycle menstruel de 28 jours, célèbre le droit de chacun à gérer ses règles de manière hygiénique et encourage la discussion sur les défis rencontrés par les femmes, les filles et toute personne ayant un cycle menstruel.
Chez Test&Work, c'est aussi le moment de relancer le débat sur le congé menstruel en entreprise. Certaines entreprises comme La Collective, Louis Design, Goodays (ex-Critizr), et Carrefour ont déjà adopté le congé menstruel, mais le sujet reste hyper “touchy”.
En France, trois propositions de loi ont été déposées au Parlement, mais aucune n’a abouti.
Concrètement, de quoi parle-t-on ?
Près de 66 % des Françaises sont favorables au congé menstruel et 53 % déclarent souffrir de règles douloureuses régulières, selon une étude de l'IFOP publiée en septembre 2022.
L’idée de cette loi serait de permettre à une salariée de prendre 1 à 2 jours par mois en cas de règles douloureuses.
En gros, pas de quoi faire couler une entreprise, à moins qu'elle ne soit déjà en difficulté ! Mais plutôt, un soulagement pour celles qui souffrent pendant leurs règles, notamment celles atteintes d'endométriose.
Une charge mentale en moins
C'est le retour d'expérience de Jade, employée de la commune de Saint-Ouen qui a mis en place ce dispositif pour ses agentes souffrant de règles incapacitantes en mars 2023.
"Avant, j’étais honteuse parce que mon supérieur ne comprenait pas, et je devais expliquer ce qu’était l’endométriose et pourquoi j’avais des règles douloureuses. Je n’avais pas envie de parler de mon utérus tout le temps. Maintenant, j’ai une charge mentale en moins," se réjouit Jade. "Je me sens considérée, entendue, et je n’ai plus à me soucier de la question financière," raconte-t-elle au Monde.
Malgré ces arguments, les détracteurs du congé menstruel estiment que les femmes subissent déjà des discriminations à cause du congé maternité, et que cela pourrait avoir un impact négatif sur leur employabilité. L'association Osez le féminisme pointe aussi le non-respect du secret médical.
Fin du tabou
Une chose est sûre, le congé menstruel n'est peut-être pas applicable à toutes les structures, "mais il est important de lever le tabou des règles au travail," conclut Thomas Devineaux, CEO de Louis Design, une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de mobilier de bureau personnalisable et éco-responsable, lui-même engagé dans l'égalité femmes-hommes.
Ce qui m’inquiète
En lisant la newsletter La Preuve, j’ai aussi repéré cette étude assez inquiétante. Une nouvelle étude sur des applications de santé féminine telles que les trackers de règles, publiée le 14 mai dernier, révèle que la grande majorité exposent les utilisateurs à de graves risques de confidentialité et de sécurité en raison de pratiques de confidentialité totalement inadéquates.
Ce n’est pas la première fois que le manque de confidentialité et de sécurité de nos données intimes est mis en cause. "Le monde n'est pas conçu pour la vie privée", a déclaré Roman Bugaev, CTO chez Flo, dans une interview avec The Verge. "Nous devons repenser tout Internet en gardant cela à l'esprit."
En 2022, par exemple, l'application de suivi des règles Flo (que j’utilise encore !) avait annoncé un “mode anonyme”, pour permettre à ses utilisateurs d'utiliser l'application sans lier leurs données à leur nom, leur adresse e-mail ou leur adresse IP.
Ce paramètre est une réponse directe aux problèmes de confidentialité soulevés par la loi Roe v. Wade qui restreint l'accès à l'avortement.
À l’époque, les défenseurs de la justice reproductive ont tiré la sonnette d’alarme sur l’utilisation possible des données sensibles collectées par les applications de suivi des règles pour poursuivre en justice les demandeuses d’avortement.
Ce que je recommande
Forbes - Des recherches montrent que 84 % des femmes au Royaume-Uni estiment qu'elles ne sont pas écoutées par les professionnels de santé en ce qui concerne leurs préoccupations relatives à la santé menstruelle.
Les Echos Start - Pour mieux vivre ses règles, les solutions se multiplient. Exit les protège-slips et tampons, place aux culottes menstruelles, coachings et infusions antidouleur. Zoom sur ce boom, dont certains dénoncent les dérives.
Le Monde - Estelle Nze Minko, handballeuse, la capitaine de l’équipe de France de handball regrette le peu d’avancées concrètes sur la question des règles dans le sport de haut niveau.
Pour aller plus loin : Je recommande aussi de jeter un coup d'œil sur le travail de Gaelle Baldassari de Kiffe ton Cycle et Elodie Placide 💫 de Clitty qui défendent ces sujets auprès des entreprises.
Je suis curieuse de connaître votre opinion sur Test&Work. Avez-vous des suggestions concernant le format ou le contenu ? Quels sujets liés au monde du travail ou à la tech aimeriez-vous lire ? Quelles informations vous seraient particulièrement utiles ?
Hâte de vous lire. Et surtout, un immense merci à tous ceux et celles qui me lisent 💜