Jean Guo, l’entrepreneure engagée qui aide les réfugiés
Aujourd'hui, c'est la Journée internationale des migrants !
“Les migrants empoisonnent le sang de notre pays”, c’est la énième aberration de Donald Trump, lâchée lors d'un meeting dans le New Hampshire, ce week-end. En cette journée internationale des migrants, au lieu de reprendre cette triste polémique, je vous propose de découvrir le travail de Jean Guo, une entrepreneure sociale que je suis depuis de nombreuses années. When they go low, we go high !
Née en Chine, elle immigre avec ses parents aux États-Unis à l'âge de 5 ans. Elle, c’est Jean Guo, la fondatrice de Konexio, une école du numérique créée pour servir les personnes réfugiées ou en situation de grande exclusion, lancée en 2016 avec Binta Jammeh.
Inclusion des publics vulnérables
Les deux entrepreneures se sont rencontrées dans le cadre du programme de bourse de recherche Fulbright alors que Jean Guo expérimentait les prémices de Konexio. L'idée a germé en plusieurs années. “Au départ, j’avais un projet de recherche qui portait sur l’inclusion des publics vulnérables et en 2015 on parlait beaucoup des migrants”, confie l’activiste.
À la suite d’une centaine d’entretiens sur le sujet, Jean identifie un manque de solutions pour une intégration à long terme et choisit de se concentrer sur l’accès au numérique. Selon elle, “ça devient son propre langage aujourd’hui”, et les nouveaux arrivants non francophones sont dès lors plus à risque d’être exclus s’ils n’en connaissent pas les codes.
Aujourd’hui, Konexio a accompagné des milliers de nouveaux arrivants à s’insérer dans le marché de l’emploi et envisage un développement à l'international après avoir généré 1,95 million d'euros de chiffre d'affaires en 2021.
🟣 3 questions à… Jean Guo, qui a reçu le Prix de l'Entrepreneur de l'Année 2023 organisé par EY
Quelle est votre première recommandation pour faciliter le recrutement des nouveaux arrivants en France ?
Jean : Notre rôle est de faire le lien entre les nouveaux arrivants et les entreprises. L’un des premiers points est de recruter autrement. Quand les entreprises me disent qu’elles ne trouvent pas de talents ? Ma première question est : ‘où est-ce que vous allez prospecter’ ? Pour avoir des talents différents, il faut être capable d’aller sur des plateformes différentes pour viser plus large.
Au-delà du recrutement, partagez-nous quelques quick wins que vous avez mis en place avec Konexio ?
Jean : Cela peut sembler évident, mais il est important de prendre le temps de rédiger des offres d’emploi inclusives. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ne font pas ce travail de rédiger des offres en anglais et en français pour faciliter l’intégration des non-francophones qui parlent parfois d’autres langues. Soigner l’accueil des nouveaux arrivants peut sembler évident, mais l’un des premiers points de l’inclusion c’est de s’assurer qu’il n’y ait pas de barrière de la langue, pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants et les aider à comprendre les nuances de la culture d’entreprise.
Ce n’est pas toujours évident d’arriver dans un nouvel environnement, nous recommandons aussi aux entreprises de mettre en place des buddies pour accompagner et aider les nouveaux arrivants sur une période de 3 à 6 mois. Ce n’est pas forcément quelqu’un des RH ou un manager, mais un employé qui va aider à comprendre les nuances de la culture de l’entreprise.
C’est quoi le plus complexe dans votre activité ?
Jean : Les entreprises sont très frileuses quand il s’agit de recruter des réfugiés. Elles se demandent est-ce que la personne a le droit de travailler en France ? Est-ce qu’elle a les compétences ? Chez Konnexio, notre rôle est de les rassurer et de faciliter le processus d’intégration en se positionnant comme une sorte de médiateur entre les deux parties.
Malgré quelques stéréotypes, nous avons quelques belles histoires. Je pense par exemple à Saleem, un jeune Pakistanais arrivé en France en 2019. Au départ, il était agent d’accueil à l’aéroport. Avec la crise du Covid, il a dû changer de métier. Il a suivi une formation en alternance en tant que technicien de système et de réseaux chez Capgemini, puis a continué dans une branche du groupe Adecco.
Ce que je recommande
Une sélection de 8 fondations d'entreprise qui sont engagées pour l'inclusion et l'intégration professionnelle des personnes arrivantes.
En juin dernier, des grands groupes comme Adidas, Marriott, Amazon, Starbucks se sont engagés à aider plus de 150.000 réfugiés à trouver un emploi. Pour en savoir plus sur ce projet à échelle européenne, c’est par ici.
Sur ces belles actions qui donnent une lueur d’espoir, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année et on se retrouve en 2024 avec plein de belles surprises que j’ai hâte de partager avec vous !
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