5 entrepreneur·e·s noir·e·s qui ont levé des millions d’euros
Black History Month - Zoom sur la réalité des femmes noires au travail
C’est le Black History Month, l’occasion de vous présenter 5 entrepreneur·e·s noir·e·s qui ont fait de belles levées :
Laura Pallier a orchestré une levée de fonds en série A de 20 millions de dollars en septembre 2022 pour sa plateforme fintech SaaS, Regate.
Alvyn Severien a levé 13 millions de dollars lors d'une levée de fonds en série A en janvier 2023 pour Algama, une entreprise spécialisée dans les produits à base d'algues.
Nelly Chatue-Diop a fait un tour de table de 2 millions de dollars pour sa start-up d'investissement web3, Ejara, en août 2022.
Bruno Mendes Da Silva a levé 6 millions de dollars en janvier 2024 pour Heex Technologies, sa start-up axée sur les données et l'intelligence artificielle.
Sébastien Luissaint a réussi une levée de fonds de 2,4 millions de dollars en août 2022 pour sa start-up agrotech, Myditek.
Pour ceux que ça intéresse, je vous recommande cet article de TechCrunch qui revient sur la réalité des entrepreneurs noirs en France.
Zoom sur la réalité des femmes noires au travail
Le milieu professionnel n'est pas toujours accueillant, en particulier pour les femmes noires. Voici un guide pour aider les entreprises à créer un environnement inclusif.
Cela fait hyper longtemps que j’avais envie de traiter la réalité des femmes noires en milieu professionnel. Récemment, j’ai lu plusieurs études qui font écho à de nombreuses discussions que j’ai eues en off - et le Black History Month est une bonne occasion d’en parler !
Aussi, j’ai été doublement convaincue par la nécessité d’aborder cette problématique quand j’ai appris que 36% de femmes noires “ont déjà quitté un emploi parce qu'elles ne se sentaient pas en sécurité”. Pire, plus de 50% d’entre elles estiment qu’il n’existe aucune culture d'inclusivité pour les femmes noires au travail. Je n’invente rien ! Ce sont les résultats du rapport “State of Self-Care for Black Women” publié en juin 2023 par Exhale, une plateforme de bien-être mental pour les femmes noires.
Un postulat européen
"Oui, mais ça, c'est aux États-Unis, et la France en a assez du wokisme." Que nenni ! Une autre étude européenne révèle que 87 % des femmes noires ont déjà été stéréotypées. Ce rapport intitulé “Closing the Chasm: Changing the Workplace for Black Women” est particulièrement intéressant, car, pour une fois, les auteurs ont recueilli des témoignages de plus de 100 femmes noires basées en Europe (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, France).
En raison du manque de statistiques ethniques sur ces problématiques en France, ces conversations sont souvent alimentées par des données américaines ! Je reste convaincue que l'absence de données sur ces problématiques entraîne une invisibilisation de ces sujets. C'est bien connu, il est difficile de corriger ce qu'on ne peut pas chiffrer.
Poursuivons avec les enseignements du rapport… Les femmes noires font face à de nombreuses micro-agressions qui entravent leur carrière. Par exemple, elles sont souvent exclues des réunions stratégiques et ne sont pas invitées aux activités de networking telles que les afterworks, les déjeuners, et les soirées entre collègues.
Plusieurs personnes interrogées ont souligné qu'elles ne bénéficient pas des mêmes opportunités malgré leurs demandes, se voient confier des tâches que personne d'autre ne souhaite accomplir, et sont régulièrement ignorées lorsqu'il s'agit de promotions correspondant à leur profil. (Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence).
Un manque de perspective
Malgré une solide expérience professionnelle, plus de 80 % des femmes noires ont confirmé qu'elles n'avaient aucune trajectoire de carrière claire. En outre, elles expriment une frustration en voyant des collègues non-noirs progresser dans la hiérarchie avec moins d'expérience.
Pour éviter ce type de frustration et réduire les inégalités, je rappelle qu’il est indispensable d’avoir plus de transparence avec des grilles d’évaluations claires. D’ailleurs, 57% ont déclaré qu’en dehors de leur évaluation annuelle, leurs managers ne portent aucun intérêt à leur progression professionnelle. Et évidemment, personne ne s’inquiète de leur ressenti au sein de la culture de l’entreprise.
Les femmes noires ne sont pas vos responsables DEI
Cette étude analyse aussi le traumatisme psychologique des femmes noires au travail. On apprend par exemple qu’elles sont plus hésitantes à changer de job, parce qu’elles ne savent jamais si elles vont devoir éduquer tous leurs nouveaux collègues sur les termes et comportements auxquels elles peuvent être confrontées. Surtout qu’elles sont fatiguées d'être le visage d'un comité DEI qui n'a rien fait pour résoudre les problèmes auxquels elles sont confrontées !
Les femmes noires sont proactives
“Oui, mais il faut arrêter les discours victimaires” ! Contrairement aux idées reçues, le rapport démontre que les femmes noires sont très proactives dans la gestion de leur carrière et investissent dans leur propre évolution. Nombreuses sont celles qui ont décidé de ne plus attendre que leur employeur soit prêt à les soutenir. Cet article The Guardian montre qu’elles sont de plus en plus nombreuses à opter pour la voie de l’entrepreneuriat, bien que les disparités des levées de fonds restent un défi.
Que peuvent faire les entreprises pour résoudre ce problème ?
Une des principales conclusions du rapport montre qu'elles ont de bonnes intentions, mais qu'elles ont mal identifié le problème. 67% des répondantes ont déclaré que leurs entreprises avaient pris des mesures depuis le meurtre de George Floyd. Cependant, ces actions étaient principalement générales et ne traitaient pas spécifiquement de la situation des femmes noires. Les entreprises ont généralement un groupe de ressources pour les employés noirs et un groupe de ressources pour les femmes.
Mais où les femmes noires peuvent-elles aller pour aborder leur propre expérience ? En France, la réalité est encore plus complexe, le sujet restant tabou et difficile à aborder. Généralement, les femmes noires se confient à leurs proches, des amies, dans des groupes WhatsApp, mais il existe encore peu d'espaces "safe" dédiés aux femmes noires au travail.
Envie d’agir ?
“La première action est de reconnaître qu'il y a un problème” scandent-elles à l’unanimité. La réalité des femmes noires dans le monde corporate ne doit plus être ignorée !
Et pour les plus actives, cela commence par promouvoir des femmes noires occupant des postes juniors, mais aussi embaucher davantage de femmes noires. Dans un monde idéal, on peut imaginer intégrer l'équité raciale dans les initiatives d'égalité, en veillant à une rémunération égale entre les femmes blanches et les femmes noires.
Les entreprises doivent également faire preuve de courage en abordant leur manque de diversité, fixer des objectifs et les atteindre. Et s'ils ne savent pas comment le faire, il est recommandé de recruter des professionnel.le.s pour les aider à s'améliorer.
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Mon coup de coeur 💜
Ludi Akue, PhD CTO Digital @Bpifrance Ancienne de Carlili et Lunii, cette docteure en informatique est désormais la directrice technique de la banque publique d'investissement. Elle est aussi très engagée au sein de l'association Women of influence. Pour découvrir son parcours, c’est ici.
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